La mode durable est un milieu en ébullition en cette ère de contestation de notre société de surconsommation. Fondée en 2015 par Léonie Daignault-Leclerc, Gaia & Dubos fait partie de ces entreprises qui veulent révolutionner notre façon de consommer la mode. Par sa mission tant créative qu’éducative, cette entreprise sera certainement un acteur québécois important dans cette révolution de la consommation vestimentaire.
Un chemin tracé d’avance
À 12 ans, Léonie Daignault-Leclerc créait déjà ses propres patrons et créations. Trois ans plus tard, elle avait sa propre clientèle. Déjà, son plan de carrière était bien défini: elle serait designer de mode, à son compte, et concevrait des vêtements écologiques.
Ses études se sont alors orientées dans cette optique: au Campus Notre-Dame-de-Foy, elle a fait une technique en design de mode, se spécialisant dans la mode féminine. Pour le côté affaires, elle a complété un baccalauréat en commercialisation de la mode à l’École supérieure de mode à Montréal. Puis, finalement, elle a fait un Master of art in fashion à Toronto, où elle s’est spécialisée en mode durable.
Dès sa maîtrise, elle travaillait sur son entreprise qu’elle lança avant la fin. Gaia & Dubos s’inscrit donc en continuité de son parcours, respectant à la lettre le plan de carrière que la créatrice s’était fixée plus jeune.
Processus de création d’une pièce
Tout d’abord, la créatrice réalise des croquis personnels à la main qu’elle transfère ensuite en dessins techniques à l’ordinateur. Commence alors une méthode peu commune, mais très utile à l’entrepreneure: le sondage de son audience. Elle envoie à sa clientèle des dessins des modèles qu’elle planifie et leur demande leur avis et le montant qu’elle serait prête à payer. Cette démarche oriente beaucoup la designer pour la suite. En même temps, elle effectue la commande d’échantillons de tissus à ses fournisseurs.
Une fois fixée, elle commande ces derniers en quantité limitée et développe un patron dans les tailles de base. Elle crée un prototype auquel elle fera des modifications si nécessaire. Après avoir créé quelques échantillons, elle passe à la prise de photo du modèle, à la gradation du patron et à la mise en ligne du modèle. Par la suite, la production est réalisée, si demande il y a. Une pièce prend en moyenne entre deux et dix heures à produire.
L’écologie, une valeur entrepreneuriale fondamentale
La protection de l’environnement est une valeur centrale de l’entreprise Gaia & Dubos, à un tel point que même son nom en est un témoignage; Gaia, déesse de la mythologie grecque qui incarne la Terre, et Dubos pour René Dubos, environnementaliste français du siècle dernier qui est, entre autres, à l’origine du slogan «Penser global, agir local». En bref, l’entreprise fait de l’environnement sa priorité et les preuves de cet engagement sont multiples.
Tout d’abord, les matières utilisées sont 100% écologiques, de la pièce maîtresse, à la doublure en passant par l’intérieur des poches. La designer se refuse à utiliser tout matériau qui a un impact négatif sur l’environnement comme, notamment le modal fait à partir de fibres végétales qui, bien que ces fibres viennent de forêts protégées, est produit par un processus polluant. Les encres utilisées sont à base d’eau, les boutons sont en verre recyclé, etc. Tous les matériaux biologiques ou faits des bouteilles de plastiques utilisés sont certifiés. Finalement, toutes les retailles inutilisables découlant de ce processus sont envoyées chez des recycleurs textiles.
De plus, l’entrepreneure s’oppose au mouvement de consommation de masse. La production de vêtements se fait sur commande exclusivement. Aussi, en ce sens, elle crée notamment des vêtements modulables qui, et je reprends ses propres mots ici, rendent la garde-robe de la femme plus versatile. Les coutures de ses vêtements sont garanties à vie. Comme le dit Léonie : «on ne garantit pas qu’elles ne vont pas lâcher, on promet qu’on va les réparer.» La nuance est importante puisque la designer a mis en place ce principe pour éviter que sa clientèle ne se débarrasse des vêtements décousus. Les vêtements sont créés pour durer, tant par leur qualité que leur style sobre. Toutefois, la créatrice spécifie que ses pièces ne sont pas intemporelles. Chaque époque a ses tendances qui ne reviendront pas nécessairement, la jeune femme prenant pour exemple les années soixante.
Qui dit changement de société, dit éducation
Sur le site de l’entreprise de Gaia & Dubos, il y a, bien sûr, la boutique en ligne de l’entreprise, mais aussi un blogue bien garni de même que des capsules vidéos sur la mode durable. Lorsque je lui ai demandé d’où venait cette initiative d’informer, Léonie Daignault-Leclerc m’a répondu deux choses. Premièrement, c’est une stratégie d’entreprise pour lui permettre de gagner de la crédibilité. Ayant étudié en mode durable, l’entrepreneure veut montrer à ses clients pourquoi elle est en mesure d’affirmer que ses vêtements sont entièrement écologiques.
Dans un deuxième temps, comme je l’ai mentionné plus tôt, la jeune femme souhaite changer le visage de la mode et comme elle me l’a si bien dit : «Il n’y a pas de changement sans connaissance.» C’est pour ça qu’elle se donne la mission d’informer les gens. Par l’entremise de son blogue et de ses vidéos, elle s’adresse à tous, qu’ils fassent partie de sa clientèle ou non, pour leur permettre de s’éduquer à propos de la mode durable et d’avoir le savoir requis pour faire des choix éthiques, comme avec le bambou, dont la vertu écologique mise de l’avant est souvent fausse.
Une initiative d’actualité
Il y a peu, l’entreprise a lancé une gamme de trois t-shirts en collaboration avec trois personnalités québécoises. Cette initiative est venue, entre autres, du fait que Léonie Daignault-Leclerc avait reçu des commentaires comme quoi plusieurs personnes auraient aimé se procurer un de ses articles vestimentaires, mais n’en avaient pas les moyens. De plus, l’entrepreneure souhaitait vraiment faire des collaborations et augmenter la portée de son projet de sensibilisation.
La designer a donc choisi trois femmes comme emblèmes, figures phare de ce projet, auxquelles la population pourrait s’associer : Jessie Nadeau, activiste végétalienne et finaliste à Occupation Double Bali, Chloé Sainte-Marie, chanteuse et comédienne, et Laure Waridel, écosociologue et cofondatrice d’Équiterre. Ces dernières ont été invitées à créer elles-mêmes le design qui se retrouverait sur leur t-shirt et à choisir un organisme auquel 10% des profits de la vente de leur t-shirt seraient remis. Pour Jessie Nadeau, c’est Ma Voix pour Eux, un organisme pour les droits des animaux, pour Chloé Sainte-Marie, c’est la Fondation Maison Gilles-Carle, œuvrant auprès des aidants naturels et pour Laure Waridel, c’est Équiterre, dont la mission est la protection de la planète.
Jusqu’à maintenant l’objectif de la fondatrice de Gaia & Dubos est atteint : un plus grand nombre de personnes a les moyens d’acheter des vêtements de son entreprise, mais surtout, la sensibilisation à la mode durable qu’elle favorise déjà prend de l’ampleur!
En bref, l’entreprise Gaia & Dubos, en plus d’offrir des pièces de grande qualité à sa clientèle, est une entreprise impliquée dans la protection de l’environnement qui cherche à changer la mode, un vêtement à la fois. Par ses nombreuses initiatives pour informer et sensibiliser la population à la mode durable, Léonie Daignault-Leclerc a su aussi bien accomplir ses rêves que nous amener à rêver d’un monde où l’industrie du vêtement serait à l’image de Gaia & Dubos, éthique et écologique.
Découvrez-en plus sur cette entreprise responsable ici.
Révisé par Louise
Couverture: Gaia et Dubos «Le futur est VERT» par Jessie Nadeau
Laisser un commentaire
Ce site est protégé par hCaptcha, et la Politique de confidentialité et les Conditions de service de hCaptcha s’appliquent.