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Impacts sociaux des entreprises québécoises ; collaborer avec des organismes d’insertion socioprofessionnelle

Impacts sociaux des entreprises québécoises ; collaborer avec des organismes d’insertion socioprofessionnelle

Dans cette ère du néolibéralisme et du capitalisme, le travail a une importance primordiale. Une absence du marché du travail est fréquemment synonyme d’exclusion sur le plan social, politique et économique. Dans cette optique, il est justifié de se demander comment il est possible d’aider ceux qui éprouvent des difficultés à intégrer le secteur de l’emploi. En écho à cette problématique s’inscrit le questionnement suivant : comment l’insertion sur le marché du travail s’intègre-t-elle dans une démarche de production et de consommation locales ? C’est sur le tandem que constitue l’entreprise NANY Éco & Moi et l’Atelier Éclipse que portera notre réflexion sur l’économie sociale et locale.

L’insertion professionnelle, c’est quoi ?

Il convient d’abord de définir en quoi consiste l’insertion sur le marché du travail. Il s’agit d’une démarche permettant à un individu d’entrer ou de revenir sur le marché de l’emploi après une absence prolongée. Cette absence peut être liée à des facteurs de nature médicale, personnelle, professionnelle, judiciaire, etc. Dans cet article, il sera notamment question de l’Atelier Éclipse. Basé à Saint-Jérôme, l’organisme s’implique tant socialement qu’écologiquement, en permettant l’insertion sociale et professionnelle et en produisant à partir de matières recyclées.

Offrant des programmes de suivi de deux ans, l’organisme accompagne entre 100 et 150 personnes dans leur retour à l’emploi chaque année. À travers ce processus, un désir d’enseignement anime le personnel de l’Atelier Éclipse. Ils effectuent un grand travail sur le concept d’employabilité chez les participants, ce qui inclut des qualités telles que l’efficacité, la productivité, les relations interpersonnelles, le rendement et l’assiduité. Notons aussi la présence d’un programme spécialement conçu pour les personnes souffrant de troubles anxieux.

NANY Éco & Moi est une entreprise se spécialisant dans la conception de sacs réutilisables dans une optique de développement durable en cherchant à mettre un frein à la consommation de plastique. L’entreprise de Blainville fait affaire avec l’Atelier Éclipse pour la fabrication de ses sacs, un organisme dont la mission est d’aider des individus à réintégrer le marché du travail et à s’impliquer dans leur communauté.

Au cœur de la démarche entrepreneuriale

Choisir la façon dont sera effectuée la fabrication des produits est nécessairement une préoccupation centrale chez les entreprises québécoises. Plusieurs possibilités s’offrent à elles, dont le travail collaboratif avec des organismes locaux d’insertion sur le marché du travail. Il y a plusieurs avantages à cette collaboration, notamment la possibilité d’avoir un impact social positif en venant en aide à des individus en situation précaire d’employabilité. De plus, faire affaire avec un organisme local permet la construction de liens solides entre les deux collaborateurs. Nany Jean, fondatrice de NANY Éco & Moi, indique que c’est l’aspect humain qui rend ce genre d’expérience si enrichissante. Comme le souligne Pascal Douville, agent de développement à l’Atelier Éclipse, ce travail de proximité permet le codéveloppement. Il devient plus aisé de répondre aux demandes des entreprises et de résoudre les problèmes. La proximité de cette méthode de production a deux autres points positifs: les faibles coûts et l’écoresponsabilité. En choisissant de faire confiance à un organisme local pour la production, les coûts se voient réduits en raison du besoin moindre en transport et en livraison. De plus, en raison de cette absence de déplacement sur une longue distances, l’impact environnemental de la production s’en voit également réduit. Bref, collaborer avec des organismes d’insertion est profitable sur plusieurs plans, tant social qu’économique ou environnemental.

Concevant des robes de maternité dans l’optique de faciliter l’accouchement, Plus 1 est une entreprise de Longueuil qui offre un vêtement plus commode que la fameuse jaquette d’hôpital. Non seulement l’entreprise conçoit des produits pour les femmes enceintes, mais elle confie aussi leur fabrication à l’atelier de couture Batifolerie, dont la mission est de faciliter l’insertion socioprofessionnelle des femmes.

Des bénéfices répandus

Acheter des produits résultant de telles collaborations est nettement avantageux pour le consommateur, le participant au programme et la société. Ce type de consommation encourage l’économie d’ici, puisqu’en plus de l’achat local, il y a création d’emploi. En achetant des produits provenant des organismes d’insertion professionnelle, on permet à des individus de travailler tout en acquérant des compétences et des connaissances qui leur seront utiles sur le marché du travail. Non seulement les profits de la vente de ces produits demeurent dans la province, mais cet argent est immédiatement réinvesti dans l’organisme pour lui permettre de continuer d’offrir ses services. Ce fonctionnement représente donc un procédé d’autorégénération. En outre, ces organismes permettent de bâtir une société plus active et plus saine, ce qui est profitable pour tous. En effet, la participation à un programme d’insertion professionnelle et l’achat des produits en découlant permettent la création d’un ancrage dans la communauté, que ce soit par l’action citoyenne ou l’écoresponsabilité qui y sont reliées.

L’atelier de LEO emploie le tissu de liège dans la conception de ses multiples accessoires. Confiant leur fabrication à l’organisme Petites Mains, l’entreprise montréalaise s’implique socialement en permettant ainsi l’apprentissage d’un métier à des femmes, particulièrement des immigrantes, pour favoriser leur inclusion dans leur communauté et briser leur isolement. Petites Mains leur donne l’occasion de s’accomplir par le travail.

Encourager de telles collaborations

Comme le souligne l’entreprise NANY Éco & Moi, il est nécessaire que ces collaborations soient appuyées tant par la collectivité que par les gouvernements, qui peuvent offrir un soutien aux organismes. L’Atelier Éclipse insiste sur la sensibilisation. Sensibilisation d’abord auprès des entreprises, pour que celles-ci soient prêtes à bâtir des modèles d’affaire en tandem avec des organismes d’insertion. Le tout doit aller de pair avec une ouverture du marché du travail pour les finissants de programmes d’insertion professionnelle. De plus, une sensibilisation doit être effectuée auprès des acheteurs qui doivent prioriser une consommation responsable et durable. Il semble crucial d’augmenter la visibilité des organismes d’insertion, que ce soit par des présences aux Chambres de commerce ou sur Internet, par exemple dans les médias, sur les réseaux sociaux ou sur les blogues. Les partenariats qu’établissent ces organismes avec des entreprises doivent être publicisés et médiatisés pour créer un phénomène d’entraînement qui pousserait davantage d’entreprises à en faire de même. Il est également essentiel que les jeunes entrepreneur.e.s soient au fait de cette possibilité de production collaborative. Enfin, il est temps d’éliminer les fausses croyances : les organismes subventionnés ne chargent pas moins cher. En réalité, ils visent à transmettre aux participants leur souci de la qualité, ce qui requiert parfois davantage de temps et demande un investissement conséquent. Ainsi, accroître la tolérance et l’acceptabilité constitue non seulement une nécessité, mais aussi une priorité dans cette démarche de sensibilisation.

Trois fois par jour collabore également avec Petites Mains pour la production de sa collection de textile.

Conclusion

L’entrepreneuriat est actuellement en ébullition ; les idées fusent, rivalisant en audace et en originalité. Mener un projet peut parfois être ardu si on souhaite respecter ses valeurs de consommation responsable et de développement durable. Les organismes d’insertion socioprofessionnelle du Québec représentent dès lors une solution profitable pour ce qui est de la production. Vecteurs d’impacts sociaux considérables, ces organismes ne sont pas à négliger et méritent d’avoir une présence plus accrue dans la sphère médiatique. L’insertion socioprofessionnelle est un phénomène à encourager et à valoriser dans nos sociétés actuelles. Soutenir ces organismes, c’est poser une action citoyenne sur les plans social, écologique, économique et politique.

Note : Un merci tout particulier à l’Atelier Éclipse et à NANY Éco & Moi qui ont eu la générosité de répondre à mes questions. Les propos que vous retrouvez dans cet article sont basés sur l’entrevue que chacun m’a accordée.

Révisé par Mélanie

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