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Céramique : quand l’art traverse les siècles

Céramique : quand l’art traverse les siècles

Les métiers d’art sont des vecteurs de création au sein de la société québécoise. Ils sont au cœur de l’art québécois, en constante évolution, faisant des techniques ancestrales des sujets d’actualité. C’est par les institutions qui les incarnent que se transmettent les connaissances et les savoir-faire qui font perdurer ces disciplines à travers les décennies. Cette série d’articles se veut une présentation de chacune des disciplines qui composent les métiers d’art et qui font rayonner la créativité québécoise. Le premier métier d’art qui sera exploré est celui de céramiste et la discipline qui lui est liée. On explorera ses origines et ses grandes techniques, ainsi que les études et les formations utiles pour se lancer en céramique. Le parcours de certaines céramistes entrepreneures sera présenté à la fin de cet article.

La céramique dans ses grandes lignes

Avant toute chose, il semble important de définir en quoi consiste la céramique. « La céramique (de κ́εραμος, argile, terre à potier) est l’art de façonner l’argile et d’en fixer les formes par la cuisson. Le mot céramique désigne des produits de composition et d’apparence diverses, ayant pour base l’argile ou toute terre plastique. » (Brunet, Giacomotti & Pecker, s.d., paragr. 1). Un amateur pourrait se demander quelle est la différence entre la poterie et la céramique. Ce sont des termes ayant une signification similaire ; tous les deux désignent à la fois la technique de travail de la matière et le matériau en tant que tel. Certains experts vont distinguer les deux termes, mais il n’est pas nécessaire, pour la compréhension de cet article, d’être aussi pointilleux.

La céramique est un art qui date de temps immémoriaux, si on peut le dire ainsi. En effet, ses origines remonteraient à la préhistoire, au moment où les peuplades humaines qui arpentaient la terre se sont sédentarisées (Brunet, Giacomotti & Pecker, s.d., paragr. 2). Bien que les techniques aient évolué à travers les siècles, notamment en inventant de nouvelles méthodes de cuisson, en passant de l’utilitaire au décoratif ou en glaçant les pièces créées, les bases demeurent les mêmes.

On divise la création en trois grandes étapes : le lavage et le pétrissage, le façonnage et la cuisson. La première est assez simple et son but est assez clair ; le lavage et le pétrissage sont deux étapes qui permettent de donner la consistance nécessaire à la matière utilisée tout en retirant, dans un même temps, les composants qui pourraient nuire au résultat final.

Dans un second temps, le ou la céramiste procède au façonnage de sa pièce. Jusqu’à l’Égypte antique, cette étape s’effectuait à la main. Puis, à l’époque pharaonique, le tour de potier fut inventé et on l’utilise encore aujourd’hui, bien qu’on l’ait quelque peu modernisé pour le rendre plus malléable et efficace. Lorsqu’on utilise un tour de potier, deux sous-étapes divisent le façonnage : l’ébauchage permet d’obtenir la forme générale de la pièce et le tournassage permet de la travailler plus en détail. La première s’effectue à la main alors que la seconde peut combiner des outils selon le résultat voulu. Toutefois, le façonnage ne s’effectue pas exclusivement à l’aide d’un tour de potier ; on peut aussi effectuer du coulage, c’est-à-dire donner forme à une pièce à l’aide d’un moule en plâtre où l’on dépose la matière à l’état liquide qui constituera, une fois sèche, la pièce désirée. Finalement, le travail totalement à la main est toujours possible et privilégié par certains ou certaines céramistes qui forgent la pièce de A à Z par la seule aide de leurs doigts et de quelques outils pour graver des détails.

La dernière étape du processus de base de la création d’une céramique est la cuisson. Encore une fois, les techniques diffèrent ; originalement c’était le soleil ou le feu qui étaient mis à contribution. Aujourd’hui, une multitude de fours spécialement conçus pour cet art sont utilisés pour la cuisson. Pour ce qui est de la température à maintenir, elle varie selon le type de matière et la solidité de la pièce que l’on veut obtenir ; entre 800℃ et 1400℃ sont les normes. Un principe similaire s’applique au temps de cuisson ; les normes varient entre 24 et 36 heures, mais cela peut dépasser ces balises selon les techniques, la matière, le rendu voulu, etc. (Brunet, Giacomotti & Pecker, s.d., paragr. 3-6).

Ces étapes constituent le processus de base pour la création d’une pièce de céramique. Plusieurs variations peuvent avoir lieu, notamment selon le type de matériau utilisé. Dans les pièces conçues, on retrouve habituellement de l’argile que l’on allie avec un autre constituant, selon la consistance, la rigidité et/ou la porosité voulues. Un des éléments qui peut être ajouté est une glaçure ; la céramique étant en général quelque chose de poreux, l’eau peut s’y infiltrer. Une glaçure permet donc d’empêcher l’eau de pénétrer la pièce et de la déformer (Crouzet, Giacomotti & Morisson, s.d., paragr. 19). Lorsque l’on achète de la céramique, il est important de s’en informer, bien que l’on puisse le sentir : une céramique glacée est lisse au toucher et a un aspect lustré alors qu’une céramique non glacée est rugueuse et sa surface a un aspect mat. Une céramique glacée peut être lavée au lave-vaisselle, en général, alors qu’une céramique non glacée doit être lavée à la main et surtout ne pas être laissée à tremper. Une petite formalité qui peut éviter bien des malheurs !

Un art qui s’apprend

Mais comment acquérir les savoir-faire nécessaires à la fabrication de pièces de céramique ? Si c’est dans une optique professionnelle, il y a la technique au collégial, offerte au Cégep Limoilou en collaboration avec la Maison des Métiers d’Art du Québec, et au Cégep du Vieux Montréal en collaboration avec le Centre de céramique Bonsecours. Il est aussi possible de poursuivre des études universitaires dans ce domaine ou dans d’autres domaines artistiques dans les diverses universités du Québec. Il est également possible, pour ceux qui désireraient apprendre en tant qu’amateur, de suivre des ateliers ouverts au grand public, notamment à la Maison des Métiers d’Art du Québec.

Portraits de céramistes

Goye artiste céramique en collaboration avec Noemiah

Diplômée du Centre de Céramique Bonsecours, Stéphanie Goyer-Morin, possédant aussi un baccalauréat en Arts visuels et médiatiques et un DEC en Arts et lettres, travaille la céramique pour en créer des pièces toutes en délicatesse. Créant autant des objets utilitaires que décoratifs, la créatrice réalise des pièces qui charment par leur simplicité et leur élégance. Créant des articles de cuisine, des vases décoratifs ou des bijoux, Goye vous propose de superbes œuvres au style minimaliste et épuré.

Céramiste de Québec, Cindy Labrecque œuvre dans plusieurs domaines, dont la photographie, la vidéo, l’estampe, la peinture, le dessin et, bien sûr, la céramique. Diplômée du Cégep Limoilou en métiers d’art option céramique et de l’Université Laval en arts visuels, elle réalise des pièces de céramique sur lesquelles elle estampe des images. Le résultat est superbe ; ses céramiques sont originales et démontrent une démarche artistique des plus uniques. Par leur esthétique sans pareil, les pièces de Cindy plairont à tous, notamment par l’aspect chaleureux et réconfortant de sa collection d’animaux québécois.

Détentrice d’un baccalauréat en beaux-arts, Édith Maisonneuve est la créatrice derrière l’entreprise Œil Noir. Elle travaille l’argile polymère et la porcelaine bille par bille pour créer des bijoux unisexes tous d’une grande unicité. Travaillant beaucoup dans les nuances de blanc et de noir, Édith construit des pièces polyvalentes qui s’agencent à toutes les tenues et en toute occasion. Minimalistes tant dans les couleurs que dans les formes, les bijoux d’Œil Noir sont des pièces tout à fait contemporaines qui accrochent le regard. L’entreprise offre des bijoux à la fois uniques et passe-partout.

Bref, la céramique est un art polymorphe qui s’adapte à travers le temps pour toujours offrir à ses adeptes des pièces à dernière mode. Que l’on s’en serve pour cuisiner, pour décorer son chez-soi ou que l’on préfère la porter, la céramique se retrouve sous une grande variété de formes et s’adapte aux besoins de chacun. Il suffit de trouver le ou la céramiste qui saura créer la pièce tant convoitée ou, pourquoi pas, de se lancer soi-même en céramique pour réaliser ses propres créations !

Révisé par Mélanie

Bibliographie :

Brunet, M., Giacomotti, J., & Pecker, A. (s.d.). Céramique. Dans Encyclopædia Universalis. Repéré à http://www.universalis-edu.com

Conseil des Métiers d’Art du Québec. (s.d.). Formation collégiale. Repéré à https://www.metiersdart.ca/cmaq/espace-professionnel/formation-collegiale

Giacomotti, J., Morisson, H., & Crouzet, C. (s.d.). Poterie. Dans Encyclopædia Universalis. Repéré à http://www.universalis-edu.com

Maison des Métiers d’Art de Québec. (s.d.). Option Céramique. Repéré à http://mmaq.com/programmes/ceramique/

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