Habiter en région comporte son lot de défis. Parmi ceux-ci, l’achat local et la consommation responsable. Vraiment?
En matière d’alimentation, une majorité de Québécois ont pourtant adopté cette pratique d’achat. Selon le Baromètre de la consommation responsable publié en 2016 par l’Observatoire de la consommation responsable de l’École des sciences de la gestion de l’UQAM, plus de 66 % des consommateurs québécois favorisent ce comportement parce qu’il répond à leur souci de protéger l’environnement. Par contre, en ce qui concerne les vêtements, accessoires pour la maison, produits de beauté et santé, articles de décoration, jouets ou produits ménagers, nous avons souvent l’impression que l’offre en région est limitée. Surtout en région éloignée.
Offre limitée ou offre méconnue? Un peu des deux. Regard sur la consommation locale et responsable en région.
Qu’est-ce qu’un produit local?
Après avoir habité Montréal et Gatineau en alternance pendant douze ans, j’ai choisi en 2010 de revenir m’établir dans mon patelin. Sage décision! La circulation, le béton, la course contre la montre, les gens stressés (dont moi), je n’en avais plus envie. J’avais besoin d’air pur. Et j’avais besoin que ma dose quotidienne de nature ne se limite pas au mont Royal ou au parc de la Gatineau.
Depuis mon retour en région, j’accorde encore plus d’importance à l’achat local. Pour moi, il s’agit d’un moyen de faire une différence dans ma communauté, de consommer de façon responsable. Mais attention! Produit local n’égale pas objet Made in Bangladesh acheté au magasin général ou à grande surface du coin. Non!
Même si, en la matière, il n’existe aucune définition coulée dans le béton, les experts s’entendent pour dire qu’un produit local doit être fabriqué ou produit dans un rayon allant de 100 à 250 kilomètres de chez soi. Cette définition s’applique surtout au domaine alimentaire. Pour le reste, je suis ma propre règle et je considère qu’un produit local, c’est un produit fait ou produit au Québec par des gens d’ici et selon des principes éthiques. Mais comment trouver chaussure à mon pied alors que j’habite à 130 kilomètres du centre urbain le plus près?
Nourriture du Québec : briser les mythes
« Manger local, ça coûte cher! Manger local, c’est compliqué! Y’a juste les pommes pis les patates qui poussent au Québec! » Je vous arrête tout de suite. Manger local sans se ruiner, c’est possible. Consommer autre chose que des McIntosh aussi. En fait, depuis quelques années, l’offre et les initiatives se déploient afin de rendre accessibles les produits de chez nous à un plus grand nombre de consommateurs. Le regroupement Fermiers de famille en fait partie. L’abonnement aux paniers bios de cette association de passionnés permet de recevoir à la maison des produits locaux et de saison, été comme hiver.
À l’épicerie, il s’agit d’apprendre à faire les bons choix et de privilégier les aliments du Québec. Les carottes des États-Unis et l’ail de Chine, c’est non! Plus les consommateurs exigeront des aliments d’ici, plus les marchands devront s’adapter. Aliments du Québec, dont la mission est de promouvoir l’industrie agroalimentaire de chez nous, œuvre en ce sens.
L’offre au Québec est vaste et diversifiée, n’hésitons pas à acheter et cuisiner les aliments d’ici. En prime, notre facture en sera réduite puisque le coût associé au transport des aliments en sera lui aussi diminué, ce qui crée un impact positif sur l’environnement. Consommation responsable et achat local vont de pair. C’est génial, non?
Partir à la découverte de sa région
Dans ma MRC se côtoient des dizaines de producteurs de saveurs locales : fromage, pain, fruits, légumes, miel, sirop d’érable, chocolat, œufs, alléluia! Nous avons souvent l’impression que les régions n’ont rien à offrir. Au contraire! Fruits et légumes ne poussent pas sur les étals du marché Jean-Talon. Fromagerie, vignoble ou verger se trouvent peut-être à quelques pas de chez vous. Plusieurs localités ont aussi leur marché local où se rassemblent les différents producteurs du milieu.
Une autre façon de découvrir les saveurs locales est de participer à des foires gourmandes, présentes dans la plupart des localités du Québec. Il existe tant de façons de s’approprier les aliments du terroir. Nous serions sots de nous en passer. Comme le dit l’adage, qui veut la « faim » prend les moyens.
Outre l’alimentation, l’offre en matière de produits québécois ne cesse d’évoluer. Dans ma petite ville d’environ 3 500 habitants, nous avons la chance d’avoir la boutique la plus chouette (merci, Francesca!). Mon chum et moi ne jurons que par cet endroit pour tout ce qui concerne les cosmétiques et produits ménagers. Nous y achetons notre savon Saponaria, notre chasse-moustiques Druide, notre kombucha Rise et tous nos produits ménagers en vrac, conscience environnementale oblige. N’hésitez pas à faire vos recherches, à questionner votre entourage. Il y a de fortes chances qu’une petite boutique indépendante se trouve près de chez vous. Une visite vous convaincra.
Démystifier l’achat en ligne
Chaque année, dans le temps des fêtes, un concours est mis sur pied dans ma localité afin d’encourager le magasinage chez les commerçants de la région.
Je ne peux qu’être favorable à cette idée, avec un certain bémol toutefois. Soutenir les marchands de chez nous, c’est ma priorité! À condition cependant qu’une offre de produits faits au Québec soit disponible. Si ce n’est pas le cas, je préfère me tourner vers l’achat en ligne. Mais pas sur n’importe quelle plateforme, oh non! Oubliez les Amazon, eBay et compagnie. Mon choix de prédilection : la Marketplace Signé Local, la plus grande boutique en ligne de produits québécois de qualité. Vous y faites une recherche par région ou par catégorie, vous filtrez et voilà! Vous y trouverez absolument de tout et la livraison est gratuite, en plus.
Plusieurs ont horreur de l’achat en ligne et refusent de s’y adonner, affirmant que ça tue notre économie. Je crois plutôt que nous devons nous poser les bonnes questions et analyser la situation avant d’effectuer nos choix. Dans un récent article Signé Local, Marjorie Imbeault de Ebwa expliquait qu’au contraire, l’achat en ligne permettait aux entreprises québécoises d’exister et de vendre sans se faire « gruger tous leurs profits ». Il reste encore énormément d’éducation à faire à ce sujet. Pour ma part, je continue de répéter que je préfère de loin commander en ligne un article fait entièrement au Québec de façon éthique plutôt que d’acheter au magasin à grande surface de mon quartier un objet venant de l’étranger. Voilà!
Le coût
Il est faux de prétendre que seuls ceux qui roulent sur l’or ont le privilège de se procurer des produits locaux. Tout est une question de choix et d’équilibre. Ma devise? Consommer moins, mais consommer mieux. Je suis loin d’être parfaite, mais je laisse ma conscience me guider. « Est-ce que j’en ai vraiment besoin? » demeure la première question à se poser. Pour le reste, je fais confiance à mon instinct qui dicte mes choix.
J’adore les mangues et je ne saurais me passer de mon café matinal. Mais, quand j’ai l’option d’acheter local, c’est ce choix qui prédomine. Je préfère payer 100 $ un chandail fait au Québec que de payer 50 $ un pantalon importé dont je vais devoir me débarrasser à la fin de la saison parce que trop usé, décousu, délavé ou les trois. Environ 75 % de ma garde-robe est québécoise. Même mes jeans sont entièrement fabriqués au Québec! Mes vêtements sont de qualité. Je vous le jure, je porte encore des tenues achetées il y a quinze ans! Je choisis des pièces classiques qui ne se démodent pas ou peu et que je peux ressortir au gré des changements de style ou de saison. Je possède moins de vêtements et de paires de souliers que la plupart de mes amies, mais je ne crois pas être plus malheureuse qu’elles.
Pour le reste, j’ai amorcé il y a quelques années un virage « québécois » et responsable en matière de consommation. L’arrivée de Signé Local a grandement comblé l’adepte de produits locaux que je suis : accessoires et nourriture pour animaux, meubles, cosmétiques, arts graphiques, céramiques, jouets pour enfants, produits ménagers, bijoux… la liste ne finit plus. Grâce au répertoire de Signé Local, j’ai découvert des dizaines d’entreprises qui répondent à mes besoins.
Alors, acheter local en région, un défi ou non? Bien sûr, nous devons user d’un minimum d’ingéniosité, mettre notre réseau à profit et effectuer quelques recherches. Même si les boutiques et entrepreneurs québécois foisonnent à Montréal et à Québec, les régions ne sont pas en reste. Passez le mot.
Révisé par Maud Duchesne
https://ocresponsable.com/barometre-de-la-consommation-responsable-edition-2016
Couverture : Ocni
Laisser un commentaire
Ce site est protégé par hCaptcha, et la Politique de confidentialité et les Conditions de service de hCaptcha s’appliquent.